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Salverda de Grave, Jean-Jacques. Le troubadour Bertran d'Alamanon . Toulouse: Imprimerie et librarie Édouard Privat, 1902.

TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos

Introduction

 

LE TROUBADOUR

BERTRAN D'ALAMANON

 

AVANT-PROPOS

 

La présente édition des poésies de Bertran d’Alamanon a été projetée pendant le séjour qu’au printemps de l’année 1899 j’ai fait à Toulouse, auprès de mon ami, M. Jeanroy, professeur à l’Université. Par suite de mes occupations multiples & d’autres travaux, elle a été retardée considérablement, & peut-être ce retard doit-il être en partie attribué à l’hésitation involontaire que j’éprouvais — & que j’éprouve encore — à publier un travail où il reste tant de points d’interrogation. Seule la conviction que beaucoup de ces points incertains subsisteront toujours a pu me décider à livrer au public les résultats de mes recherches.

Il m’a semblé utile de ne donner la biographie de Bertran qu’à la suite de ses poésies & des commentaires que celles-ci demanderont. En effet, c’est le seul moyen d’éviter des redites ; les matériaux — bien insuffisants, hélas! — qui nous permettront de nous faire une idée de la vie de notre troubadour sont fournis presque exclusivement par son œuvre. Ce que nous apprennent les documents sur les dates de l’histoire de sa vie n’est guère plus qu’un cadre qu’il faudra chercher à remplir.

Cependant, afin d’orienter un peu le lecteur, j’esquisserai d’abord en quelques traits l’époque où Bertran a vécu.

Le texte des poésies a été revu par mes amis, MM. Jeanroy & Émile Levy, qui, dans le temps, m’ont initié à la poésie provençale ; je ne serai pas seul, sans doute, à me féliciter de cette précieuse collaboration. Les corrections qu’ils ont apportées aux textes & les conjectures qu’ils proposent ont été signalées, avec leurs noms, dans les notes ; je n’ai pas besoin de dire que je dois beaucoup à la sollicitude de leur critique.

 

Leide, novembre 1901.

 

INTRODUCTION

 

Bertran d’Alamanon a vécu au treizième siècle & il a assisté & pris part aux événements qui ont précédé & à ceux qui ont accompagné l’envahissement par les Français du Nord des territoires, jusque-là indépendants, du Midi. Il a été mêlé à trois ordres d’événements. Ce fut d’abord la guerre de Raymond-Bérenger IV de Provence (1) avec Raymond VII de Toulouse, dont la cause première fut la jalousie héréditaire qui était traditionnelle entre les princes de ces deux états voisins & qui fut amenée, vers 1230, par la lutte que le comte de Provence avait à soutenir contre les grandes communes d’Arles, d’Avignon & de Marseille. Celles-ci considéraient le comte de Toulouse comme appelé tout naturellement à défendre leurs droits contre Raymond-Bérenger. Intimement liée avec ces dissensions était l’hostilité qui régnait entre Frédéric II & le pape. Raymond de Toulouse, victime de l’Inquisition & du clergé, se rangeait tout naturellement du côté de l’empereur, tandis que son voisin, par goût aussi bien que par intérêt, se sentait attiré vers la politique cléricale (2).

Lorsqu’en 1245, après la mort du comte de Provence, le frère du roi de France, Charles, époux de la fille cadette du feu comte, ajouta la Provence à l’Anjou, qu’il possédait déjà, Bertran eut à plusieurs reprises à se prononcer sur la politique du nouveau comte, & ses poésies sont importantes pour la connaissance de cette époque. Plus tard, lorsque Charles se fut laissé séduire par le titre de roi de Sicile, Bertran l’a probablement accompagné en Italie.

Raymond-Bérenger, aussi bien que Charles, a eu maille à partir avec les grandes communes de la Provence, où, au cours des derniers siècles, s’étaient manifestées des aspirations toujours croissantes à l’indépendance politique : le libre choix des magistrats n’était qu’une de leurs prétentions. A mesure que le commerce accroissait les richesses de ces villes, leurs institutions devenaient de plus en plus franchement démocratiques. Sans l’autorité de l’archevêque, Arles aurait joui d’une pleine indépendance ; une partie de Marseille s’était dérobée au joug épiscopal. Nous verrons plus tard quelle a été l’attitude que les deux comtes ont prise vis-à-vis de ces communes, & nous aurons alors à rechercher le rôle que Bertran a joué dans les événements qui se rattachent à cette lutte.

Ses poésies, ainsi que des documents officiels, attestent qu’il était un des familiers de la cour de Provence : il ya connu les troubadours les plus célèbres de ce temps, & il y a probablement vécu dans l’intimité des deux comtes. Il était donc bien placé pour connaître l’histoire intime de son pays, & voilà pourquoi on peut regretter que les historiens ne se soient pas servi davantage de ses poésies. Sternfeld, il est vrai, le cite de temps en temps, mais plutôt en passant. L’intérêt de son œuvre ne réside pas tant dans sa valeur poétique qu’en ceci qu’elle est l’expression spontanée des sentiments que les événements ont éveillés chez un grand seigneur de la Provence.

Nous avons, dans notre édition, laissé intacte l’orthographe des manuscrits que nous avons choisis comme base.

Les corrections qui semblaient s’imposer ont été imprimées en italiques dans le texte ; la leçon rejetée a été alors citée parmi les variantes. Les conjectures ont été renvoyées aux notes.

Nous n’avons pas corrigé les fautes contre la déclinaison que contiennent les manuscrits, parce que les rimes prouvent que, du temps de Bertran, on ne distinguait plus régulièrement les différentes formes (3).

Les pièces ont été toutes collationnées sur les manuscrits.

 

Notes :

1. Et non pas : Raymond-Bérenger III (comme dit Springer, Das altprov. Klagelied, p. 37). ()

2. Je renvoie, pour l’histoire de ces temps, à deux livres d’une importance tout à fait hors ligne : Richard Sternfeld, Das Verhaeltniss des Arelats zu Kaiser und Reich vom Tode Friedrichs I bis zum Interregnum (Berlin, Hertz, 1881), &, du même savant: Karl von Anjou als Graf der Provence (Berlin, Gaertner, 1888). ()

3. Voyez la note au vers IV, 19. ()

 

 

 

 

 

 

 

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